Le 17 avril a marqué les 60 ans de la première présentation publique de la Ford Mustang à l'Exposition universelle de New York en 1964. Cette voiture emblématique est rapidement devenue un phénomène culturel et automobile, et reste l'une des voitures les plus influentes de l'histoire. Nous célébrons cet anniversaire avec des récits sur les événements entourant le lancement de la Mustang, l'histoire des premiers modèles et des témoignages de propriétaires. Cliquez ici pour suivre notre couverture des 60 ans de la Mustang sur plusieurs semaines.
Le mercredi précédant la présentation de la nouvelle Mustang au Rolex 24 de Daytona de cette année, Ford a décerné le Spirit of Ford Award à l'équipe derrière la première victoire en course de la Mustang, il y a 60 ans. Cette victoire inaugurale n'a pas été obtenue sur le sol américain, ni même par une équipe américaine, mais lors du Tour de France Auto de 1964, disputé par l'équipe britannique Alan Mann Racing (AMR), fondée cette même année par le coureur et futur directeur d'équipe Alan Mann.
Mann est décédé en 2012, mais ses fils, Henry et Tom, ont reçu le prix au musée American Muscle Car et continuent de diriger AMR aujourd'hui. Nous les avons rencontrés à Daytona quelques jours plus tard pour discuter de la manière dont une équipe britannique méconnue de Byfleet, Surrey, a décroché un important contrat Ford, de ce qui s'est passé ensuite, de leur implication continue avec la Mustang originale, et du mystère entourant encore la localisation de la voiture victorieuse.
Alan Mann était encore jeune lorsque la connexion avec Ford a commencé. « Mon père travaillait pour un concessionnaire Ford sur la côte sud appelé Alan Andrews, qui avait une opération de course réussie, et Ford of America a invité quelques équipes britanniques de Cortina à participer aux Marlboro 12 Heures et à Bridgehampton en 1963 », explique Henry. « Mon père en dirigeait une avec ses pilotes britanniques, tandis que Holman-Moody dirigeait des Falcon avec leurs gars de NASCAR. »
Lorsque les Britanniques ont battu les Falcon domestiques, cela a provoqué une certaine agitation, mais plutôt que de se braquer face à cette concurrence indésirable, John Holman y a vu une opportunité. Son équipe n'appréciait pas de participer à des événements européens avec des Galaxie et des Falcon, il a donc présenté Mann à la direction de Ford.
« Cela les a amenés à courir avec des Falcon au Rallye de Monte Carlo 1964 », explique Henry, en notant que la Falcon partage beaucoup avec sa sœur, la pony-car. « Les voitures ont toutes été construites chez Holman-Moody, puis amenées chez Lincoln Cars Ltd. sur Great West Road, qui était à l'époque le distributeur britannique de Ford pour les véhicules américains. » La confiance de Ford a été récompensée lorsque la Falcon Sprint conduite par le Suédois Bo Ljungfeldt est arrivée deuxième derrière la Mini Cooper S de Paddy Hopkirk en janvier.
En juin, Ford a expédié quatre Mustang avec des moteurs Hi-Po 289 pour le Tour de France, un marathon de 6000 km sur 10 jours autour de la France, prenant des circuits, des montées de colline et des sprints, en tournant dans le sens horaire de Rennes au nord-ouest et retournant finalement à Paris.
Trois Mustang ont participé à la compétition, la quatrième agissant comme voiture de soutien conduite par Alan Mann et cannibalisée si nécessaire. Toutes arboraient la nouvelle livrée rouge et or d'AMR, semblable à une boîte aux lettres britannique et désormais synonyme de l'équipe, après que Mann ait eu du mal à distinguer sa Lotus Cortina au Nürburgring en 1964 d'un certain nombre d'autres voitures toutes peintes en blanc et vert.
Alan Mann Racing a remporté le Tour de France, mettant fin à la domination à long terme de Jaguar, tandis qu'une autre Mustang AMR a terminé deuxième. Si la troisième Mustang n'avait pas été disqualifiée pour un démarrage assisté, cela aurait été un triplé. AMR a continué à connaître du succès avec la Mustang, remportant le championnat britannique des voitures de tourisme en 1965, 50 ans avant l'arrivée officielle de la Mustang dans les concessions britanniques.
À la réunion des membres de Goodwood en Angleterre ce mois-ci, cinq des 30 voitures de la grille disputant la Coupe Ken Miles étaient préparées par AMR. Le patron de Ford, Jim Farley, a même partagé une Mustang AMR avec le légendaire pilote de voitures de tourisme Steve Soper.
Aucune des quatre voitures qui ont participé au Tour de France 1964 n'était sur la grille, mais en cette 60e année de la Mustang, Tom et Henry sont désireux de retrouver la gagnante disparue depuis longtemps. Le sort des trois autres voitures est cependant connu. La voiture disqualifiée de la troisième place, immatriculée DPK 5B, a déjà été restaurée par AMR et vit désormais en France. La DPK 6B, qui a terminé deuxième, a remporté le championnat britannique des voitures de tourisme en 1965 avant d'être vendue à un coureur de club, qui a eu un accident mortel à Silverstone. Les frères croient qu'elle a été ensuite détruite. Et la voiture de soutien conduite par leur père est restée « dans un garage qui fuit au nord de Londres depuis 1972, toujours avec le moteur de course Holman-Moody dedans, mais malheureusement pas en très bon état », explique Henry. « Si le propriétaire va en faire quelque chose, c'est l'année. »
La voiture gagnante, DPK 7B, reste le plus grand mystère. « Elle a été transportée par avion de France vers l'Amérique à la fin du rallye et a fait une tournée de presse, mais personne ne sait où elle se trouve maintenant », dit Henry. « Lorsqu'on a reçu le Spirit of Ford award, un gars s'est présenté à nous qui écrit un livre sur ces voitures, et il pense qu'elle a courru dans la première course Trans Am, mais il est presque impossible de le prouver », ajoute Tom.
Il semble qu'un effort concerté soit en cours chez Ford pour retrouver cette voiture cette année. Soixante ans après qu'une petite équipe britannique ait donné à la Mustang sa première victoire loin de chez elle, rien ne rendrait les frères plus heureux.
