Même Année, même puissance :

la Mustang GT500 de 1967 rencontre la Lamborghini Miura

· Histoire,Essai

La Shelby GT500 de 1967 n’est pas du genre à se faire discrète, mais ce jour-là, elle n’est pas accompagnée d'une voiture ordinaire.

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Son moteur 428 s’éveille avec la majesté d’un roi qui s’étire, émettant quelques grondements graves avant de se stabiliser dans un ronronnement grave et apaisé. Elle se fait remarquer sans forcer, murmurant doucement tout en incarnant la puissance brute. À l’inverse, la Lamborghini Miura P400 de la même année s’exprime dans une cacophonie exubérante. Son V12 rugit comme une tronçonneuse en pleine tempête, ponctué de "Brap ! Brap ! Braaaap !" et de crépitements. La fumée, les claquements et les éclats sonores accentuent son caractère théâtral, comme si ses 350 chevaux provenaient d’un véritable attelage de chevaux furieux attachés à son pare-chocs.

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Cinquante-sept ans après leur apogée, la Lamborghini Miura et la Ford Mustang Shelby GT500 continuent d’incarner une énergie cinétique pure.

Le site Hagerty les a réunies dans les collines de Santa Barbara, en Californie, pour célébrer deux visions radicalement opposées de l’ingénierie automobile. Pourquoi ces modèles ? Grâce à la générosité de deux membres de Hagerty, ces légendes étaient accessibles. Et avec une puissance annoncée de 350 chevaux pour la Miura et de 355 pour la GT500, ces voitures partageaient une similarité de chiffres, mais rien d’autre. Elles sont aussi différentes qu’un chat et une seiche.

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A cette époque, les approches pour produire des chevaux-vapeur étaient incroyablement variées.

Aux États-Unis, les six cylindres en ligne et les V8 dominaient, tandis que dans le monde entier, les constructeurs expérimentaient avec des turbines, des moteurs rotatifs et d’autres technologies. Lors des 500 Miles d’Indianapolis de 1967, la grille de départ présentait une diversité stupéfiante : V8 à arbre à cames en tête, quatre cylindres turbo, turbines Pratt & Whitney, et bien d’autres encore. En Europe, les moteurs des compétitions de Grand Prix allaient du V12 à l’exotique H16, un moteur complexe combinant deux blocs à plat de huit cylindres avec une mécanique aussi impressionnante que capricieuse.

Le cheval-vapeur est indifférent à sa source. Il ne choisit aucun camp, ne vénère aucun dogme.

Si 1967 a marqué la fin de cette ère de liberté technique, elle s’est éteinte avec éclat. Deux icônes de cette année, aux philosophies radicalement opposées, illustrent parfaitement cet héritage.

Pendant ce temps, Carroll Shelby, ancien éleveur texan, prouvait la puissance et la fiabilité des V8 Ford. En 1966, ses moteurs 427 avaient écrasé Ferrari aux 24 Heures du Mans. Fort de cette victoire et des exploits des Cobras, Shelby choisit naturellement un gros bloc pour son prochain modèle de Mustang. Mais le 427, conçu pour la compétition, était coûteux et exigeant. Shelby opta donc pour une version modifiée du moteur 390 FE, plus adaptée à une GT. Pour souligner ses ambitions sportives, il baptisa ce moteur "Cobra Le Mans 428".

Comme pour la GT500, que Ford produisait avant que Shelby American ne la retravaille, les 743 Miura construites en six ans étaient également le fruit d’un effort collectif. La carrosserie, la peinture et les finitions étaient réalisées par la maison indépendante de design Bertone. Les coques ainsi assemblées étaient ensuite chargées, par groupes de quatre environ, sur des camions en direction de l’est, où elles recevaient leurs groupes motopropulseurs transversaux dans un paisible village agricole près de Bologne. Là, un magnat local du tracteur avait décidé de tenter sa chance dans l’industrie automobile.

En 1967, la Shelby GT500, déjà considérée comme coûteuse avec un prix de 5500 $, semblait presque abordable face à la Miura, qui exigeait une somme vertigineuse de 22 000 $.

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